Free cookie consent management tool by TermsFeed

Le billet d’humeur

Nous sommes le samedi 3 mai 1986.
J’ai 9 ans et je regarde le Concours Eurovision de la Chanson avec mes parents et mes frères. J’ai le droit de veiller un peu plus tard, car, selon ma maman, la Belgique va gagner. Et elle avait raison. Je suis immédiatement charmé par le spectacle. Quel plaisir ! C’est comme les Jeux Olympiques de la musique. Le système de points, quel régal ! Et c’est ainsi que mon amour pour l’Eurovision est né. Chaque année, je regarde l’émission, c’est un rendez-vous que je ne peux absolument pas manquer.

En 1991, je fais la connaissance d’un autre fan grâce à Radio 2. À l’époque, on parlait de l’Eurovision chaque dimanche après-midi pendant un quart d’heure à la radio. C’est là que j’ai entendu pour la première fois des chansons que je ne connaissais pas : Zwei kleine Italiener, La source, Ding-a-dong,… et tant d’autres. Chaque dimanche, j’étais prêt avec mon magnétophone à cassettes pour enregistrer les chansons et les anecdotes. C’était génial ! Je notais les résultats, je commençais à collectionner des vinyles… Mon amour pour l’Eurovision n’a cessé de grandir.

En 2009, j’entends parler pour la première fois de OGAE Belgium, le fan club de l’Eurovision. Je me suis dit : je dois absolument en faire partie. Et c’est ce que j’ai fait. Un an plus tard, l’Allemagne remporte l’Eurovision. Là, je me dis qu’il faut absolument que j’y sois. J’arrive à obtenir des billets pour la finale. Quelle expérience ! Je veux y retourner ! Et depuis, je vais chaque année au plus grand show musical du monde (sauf en 2012 et 2014).

Les années passent et les changements sont nombreux : introduction des demi-finales, retour du jury, puis disparition, télévote, plus de tirage au sort, chœurs pré-enregistrés, etc. L’Eurovision a besoin d’évoluer, d’accord, mais j’ai de plus en plus l’impression qu’en coulisses, tout est fait pour mettre certains pays en avant. Est-ce vraiment le cas ? Je ne le sais pas, mais je n’arrive pas à me défaire de cette impression. Certains pays comme la Suède ou les Pays-Bas bénéficient, selon moi, d’un traitement de faveur : de bonnes places dans l’ordre de passage, beaucoup d’attention médiatique… et ils gagnent, alors que nous, non. On ne parvient même pas à atteindre la finale. D’où vient le problème ?

La VRT a clairement tiré les leçons de ses erreurs passées. Eurosong est sorti du congélateur, on voit des prestations abouties, les artistes sont encadrés et coachés. Cette année encore, on a vu que tout avait été mis en œuvre pour atteindre la finale. Red Sebastian avait une chanson formidable ! La mise en scène était incroyable ! Il a chanté avec puissance. Alors, que s’est-il passé ? À mes yeux, la délégation belge n’a rien à se reprocher. Le fait que seul le public vote a simplement joué contre notre petit pays. Soyons honnêtes : à part les Pays-Bas, personne ne vote régulièrement pour la Belgique, et c’est là que le bât blesse. Vote-t-on encore pour une chanson ? J’en doute. Ce qui est devenu évident hier, c’est qu’il faut proposer une prestation clownesque et que l’on n’a pas besoin d’être un bon chanteur. Il faut séduire les téléspectateurs autrement que par la chanson : par l’image, par la viralité sur les réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux, parlons-en… Les supporters acharnés de certains artistes/pays en dénigrent d’autres après avoir vu une performance lors d’une préparty (où la qualité sonore est médiocre), et la machine est lancée. S’il vous plaît, réintroduisez les jurys pour désigner les finalistes. Car là, on retourne dans les années 2000, à l’époque où la qualité ne pesait pas lourd face à des chansons bien moins bonnes.

Revenons à hier : qui n’a pas été qualifié ? Chypre, Slovénie, Croatie, Azerbaïdjan et Belgique. Des pays qui, un par un, ont trop peu « d’amis » pour obtenir des points. OK, ce n’étaient pas tous des prestations exceptionnelles ni toutes dignes d’une finale, mais quand même…

Je pense que la VRT et la RTBF doivent taper du poing sur la table et exprimer clairement leur opinion sur le fonctionnement actuel. Peut-être le font-elles déjà, mais sans résultat. Peut-être qu’il faudrait qu’elles unissent leurs forces pour choisir chaque année ensemble un candidat belge. Peut-être que les deux chefs de délégation devraient collaborer chaque année pour porter une seule et même vision de l’Eurovision pour la Belgique. Peut-être… beaucoup de peut-être…

Si c’est ça, l’avenir de l’Eurovision, est-ce encore le spectacle musical que je chéris tant ? Est-ce que cela vaut encore la peine de dépenser des milliers d’euros pour le vivre en direct ? Est-ce vraiment l’avenir du concours ? Je suis profondément déçu par ce qui s’est révélé être une mauvaise farce hier soir. Attendons de voir…

Ceci est une tribune libre, dans laquelle je m’exprime en tant que fan, et non en tant que président.

Stephan Monsieur